Le troisième jour arriva plus vite que Farah ne l'aurait imaginé.
Le palais était en ébullition, mais pas de joie. Il n'y avait ni musique, ni décorations, ni invités bruyants. Tout était silencieux, calculé, comme si chaque pas vers l'autel était une stratégie sur un échiquier.
Farah se regarda dans le miroir. La robe qu'on lui avait donnée était somptueuse, mais ce n'était pas elle. Elle avait l'impression de porter un costume, pas une robe de mariée.
— Vous êtes magnifique, murmura Francesca en ajustant son voile. Mais vous avez l'air… triste.
Farah ne répondit pas. Elle ne savait pas comment exprimer ce qu'elle ressentait. C'était son mariage, et pourtant, elle n'était qu'une pièce dans un jeu qui la dépassait.
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Dans la grande salle du trône, Gabriel attendait déjà.
Il portait une tenue noire brodée d'or, aussi froide que son regard. À ses côtés se tenait Garcia Pedro, souriant faussement, l'œil rivé sur Farah comme s'il évaluait une marchandise.
Laura, elle, était assise au premier rang, le regard chargé de colère contenue.
La cérémonie fut brève. Les mots furent prononcés, les serments échangés. Il n'y eut ni "je t'aime", ni baiser.
— Par le pouvoir qui m'est conféré, je vous déclare mari et femme, annonça le Grand Prêtre.
Un silence pesant suivit. Aucun applaudissement. Aucune joie.
Farah jeta un coup d'œil à Gabriel. Il ne la regardait même pas.
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Ce n'est que lorsqu'ils furent seuls dans la salle privée que le roi brisa le silence.
— C'est fait. Tu es maintenant Reine de Nostra.
Farah le fixa.
— Et maintenant ? Que suis-je censée faire ? Sourire ? Servir de poupée muette pendant que tu fais la guerre aux alliances ?
Gabriel tourna enfin les yeux vers elle. Son regard s'adoucit… juste un instant.
— Tu n'es pas une poupée, Farah. Tu es un bouclier.
— Un bouclier ?
— Si tu n'étais pas là… je serais déjà mort.
Farah écarquilla les yeux.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
Mais Gabriel se détourna.
— Tu comprendras bientôt.
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Ce soir-là, alors que Farah s'apprêtait à entrer dans ses appartements, elle trouva une lettre glissée sous sa porte.
"Reine ou non, vous êtes en danger. Méfiez-vous de ceux qui vous sourient trop vite."
— Un ami.
Farah leva les yeux vers le couloir vide. Pour la première fois, elle sentit une peur réelle l'envahir.
Elle n'était plus simplement une guérisseuse… elle était devenue une cible.