Farah n'avait pas dormi. Pas même une minute.
La chambre royale qu'on lui avait assignée était somptueuse, mais froide. Trop grande. Trop silencieuse. Comme si les murs eux-mêmes attendaient qu'elle parle pour l'écraser.
Le lendemain matin, une servante élégante au regard dur entra sans frapper.
— Le roi vous attend. Il souhaite discuter des détails du mariage.
Farah hocha la tête, incapable de parler. Elle avait toujours cru que le palais était un lieu de rêves… mais ici, tout semblait trop parfait, comme un piège doré.
Dans la salle du conseil, Gabriel était déjà là. Il ne portait pas de couronne, juste une veste sombre aux boutons d'or. Il ne leva même pas les yeux quand elle entra.
— Asseyez-vous.
Elle obéit.
— Le mariage aura lieu dans six jours. Il sera discret, sans fête. L'essentiel est que le contrat soit scellé.
— Le contrat ? répéta-t-elle, la voix tremblante.
Gabriel sortit un document cacheté. Il le fit glisser vers elle.
— Tout est là. Vos conditions, vos droits… et vos obligations. Vous serez reine, mais vous ne gouvernerez pas. Vous n'aurez pas à m'aimer. Ni à partager mes nuits. Tout ce que je demande, c'est que vous soyez là. Officiellement.
Farah ouvrit la bouche, mais aucun mot ne sortit. Était-ce un mariage… ou une mascarade ?
— Pourquoi moi ? demanda-t-elle enfin, d'une voix faible. Il doit y avoir des centaines de jeunes femmes qui rêveraient de ce rôle…
Le regard du roi se durcit.
— Justement. Elles rêveraient. Elles chercheraient le pouvoir, la couronne… vous, non. Vous ne cherchez rien. Et c'est exactement ce que je veux.
— Et si je refuse ? souffla-t-elle.
— Alors je n'aurai plus d'autre choix que d'unir mon royaume à celui de Garcia Pedro.
Farah fronça les sourcils.
— Le seigneur Pedro ? Le prince qui possède déjà la moitié du royaume voisin ?
Gabriel acquiesça.
— Et s'il m'épouse ma cousine Laura… nous perdrons toute souveraineté. Ce mariage est une stratégie, Farah. Pas une romance.
Elle sentit son cœur se serrer. On ne lui offrait pas une vie… on lui demandait un sacrifice.
Mais alors, pourquoi elle ? Pourquoi maintenant ? Quel était ce secret que le roi cachait derrière ses yeux froids ?
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Plus tard, dans les jardins du palais, Farah fut rejointe par une jeune femme élégante, aux boucles parfaites et au regard brillant de colère.
— Toi, tu n'as rien à faire ici.
Farah se retourna.
— Je suis Laura Blanchet. Celle qui aurait dû épouser Gabriel.
Farah sentit le sol se dérober sous elle.
— Rappelle-toi une chose, Farah… ce palais n'oublie jamais. Et les reines temporaires ne durent jamais longtemps.